Mai, fais ce qu'il te plaît !!!
L'urgence, elle est là et change tout le temps ! Je n'ai pas le temps de
me faire à l'une, qu'il faut passer à une autre ! L'urgence dépend du
temps, de l'atmosphère, de l'humeur. Le plus subtil et difficile est de
l'identifier, et de la prendre à bras le corps pour qu'elle disparaisse.
Pour identifier l'urgence, il est impératif de bien connaître sa culture,
les moyens techniques et humains à disposition et de garder un objectif stable !
Bref, au quotidien, ça veut dire que pour avoir des fraises dans une barquette le plus tôt possible en juin, il faut que les plants soient plantés avant une date précise. Pour qu'ils puissent être plantés, il faut que le terrain soit amendé, travaillé, que l'irrigation soit installée, que le paillage soit mis. Et tout ces postes ne peuvent pas être fait dans n'importe quelle situation. Cette année, il a été très difficile d'effectuer chacun d'eux dans des conditions acceptables. Pour cause : la pluie !!! à celle-là qu'on demandait tant et tant toutes ces dernières années, elle est arrivée et est restée.
Voilà, il est urgent de planter ces fraises à un certain moment et si je suis sur une autre urgence ! Alors ça s'emballe ! Et c'est là qu'il faut être absolument vigilant et bien mesurer les conséquences. Je dirais, en mai fais ce que tu peux du mieux que tu peux. Et en parlant de fraises, je suis très inquiète sur la
production de juin.
Les plantations se sont faites avec du retard (je n'arrivais pas à travailler le sol, c'était trop mouillé et je m'embourbais avec le tracteur) et j'ai bien peur que tout à coup je n'aie plus de fraises à récolter ! Et ça c'est très désagréable à vivre ! Quand y en a trop , je râle qu'on n'arrive plus à
faire le travail et qu'on passe beaucoup de temps à la récolte ! Et pis maintenant je râle parce que j'ai l'angoisse du 0 récolte !!! c'est vrai que si mes abricotiers n'avais pas péri de bactériose, on se ferait des abricots !! en rêve comme disent mes garçons et ça m'énerve. Mais c'est comme ça.
Le mois de mai représente sur ma ferme :
*483 heures de travail réparties entre Isabelle (244h), les Salariées (155h), mes Garçons (14h) et les amapiens lors des ateliers (70h)
*780kg de fraises
*2 km de plates-bandes comprenant 3000 plants de fraises et 3770 plants de légumes-fruits ! Enfin sij'oublie rien !
Et je ne sais plus combien de fils de clôture électrique et encore moins de lames de débrousailleuses !!!
Le mois de mai c'est aussi les jours qui s'allongent tellement qu'on peut commencer à 6h et finir à 21h et qu'il fait pas assez chaud pour qu'on pense à s'arrêter à midi !!! rassurez-vous tout à coup j'y ai pensé et c'est vraiment bon.
Le mois de mai c'est aussi la croissance extraordinaire de chaque tissu de plante ! Et avec ces pluies c'est magnifique. Mais c'est aussi les quelques grêlons du début du mois !
Enfin, il ne reste que les dernières rotations de melons et tomates à planter. Et il faut surveiller de près toutes ces herbes qui poussent entre les plate-bandes. Cette année nous aurons 4 variétés de melon charentais et 7 variétés de melon dit 'de garde'.
J'ai essayé d'échelonner les plantations pour que nous en ayons sur un plus longue période. Mais avec le melon, on sait jamais ce qu'il lui prend ! Tout à coup tout se rattrape et c'est l'orgie !
Je retrouve avec contentement les distributions et chacun de Vous. Je vous remercie de tous vos sourires et bonnes humeurs, de toutes vos présences à chacune de ces distributions. J'y arrive souvent fatiguée et j'y repars toujours avec le coeur rempli et les muscles ragaillardis ! Merci. Je voudrais saluer l'amap de
Vidauban qui se structure et qui accueille d'autre producteurs. Elle a trouvé un lieu de distribution (avant c'était dans mon garage) et c'est vraiment très sympa. Les distributions sont aussi un moment d'échanges entre les producteurs et je me rends compte que nous sommes tous dans la même galère ! Ce temps qui n'est pas assez souvent au top ! Trop chaud, trop froid, trop de vent, trop de pluie........
Le pic-nic cette année était en mai et ceux qui y ont participé on pu se rendre compte de ce qui se passe sur la ferme. C'était une très belle journée, et je remercie encore tout ceux qui l'ont permise. J'ai adoré l'accordéon du papa d'Annie et le rempotage des pastèques avec les enfants.
Mais !!! vous savez bien qu'il y a toujours un p'tit et parfois des gros nuages dans un si beau ciel ! C'est quand même pas facile ! Parce qu'il y a trop d'urgences certes ! Mais aussi parce que ce mois de mai a été l'obligation d'admettre mes responsabilités.
Je vous avais signalé cet excès d'eau dans la parcelle de pêchers, je pressentais un problème majeur. Ça s'est vérifié et j'ai du faire le deuil de ces espoirs jamais satisfaits. Heureusement que je devais courir aux autres urgences ! La déception a été noyée... oh vous aurez quelques pêches, de ci de là, cette saison, savourez-les bien parce qu'elles seront rares.
Pour les anciens, ça va pas changer grand chose. Pour les nouveaux, prenez bien la mesure de ces mots.
L'arrachage est programmé et la parcelle recevra les cultures de fraises et d'asperges. Des pêchers seront replanté sur le site du Rondin.
Beaucoup de travail en perspective, mais comme un espoir.
L'exploitation prend du corps et moi un peu d'assurance. Cette expérience douloureuse me renforce dans ma détermination à exercer ce métier et votre soutien collectif avec vos amap et individuel avec vos paiements me permet de « tenir » et de faire vivre ma terre. Vous avez pu constater que mes corbeilles ne sont pas trop vides et avec ce que je mets en culture, elles ne le seront pas. Mais malgré ma bonne
volonté, mon énergie et ma foi, nos corbeilles ne ressemblent toujours pas à ce que je voudrais. Mais elles ressemblent à ce que ma terre veut bien nous donner. Dans cette aventure je ne sais qui soutient qui ! Vous par mon intermédiaire ou la Terre par ce qu'elle nous offre ? Je ne sais toujours pas si c'est une utopie ! Ces 6 années passées sont bien une réalité.
Cette année , grâce à vous, j'ai le smic et ça aussi c'est bien vrai ! Même si c'est pas comme j'aurais voulu, j'admets que le travail fait a transformé mes terres. Je sais au fond de moi que c'est possible ! Il suffit de trouver le bon chemin!!!! et ne pas s'écrouler avant de l'avoir trouvé! De se donner les moyens de tenir, d'avancer, de construire. Et je sais que plus que jamais je suis prête d'y aller ! C'est mon chemin. Et j'ai cette chance inouïe que vous soyez là. Et ça c'est le plus beau cadeau.
Isabelle
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