Lettre n°6, le 10 juin 2009
Donner le ton !
Et patatras, le ciel s'est gonflé et tout à coup une atmosphère étonnante, mêlée de lumières, d'ombres, de frissons a enveloppé le site du Rondin. J'étais en train de labourer et Stéphanie s'occupait des tomates. Un rideau scintillant s'est approché à vive allure dans ces nuages noirs et patatras, en une seconde la pluie est tombée comme une cascade. Brrr, je suis arrivée au cabanon trempée. Et le chemin
devenait tellement boueux qu'on se demandait bien si on arriverait à
ressortir. C'était si beau, si subit, si intense.....privilège d'un spectacle.
20 mm en 10 minutes, avec quelques gros grêlons qui n'ont pas eu le temps d'abîmer les cultures. Juste un arrosage et tout partout en même temps (même les allées et les herbes). Super !!!! mais à Peissonnel juste pour coller la poussière ! 2 mm.
La lettre 5 a mis beaucoup de temps à venir ! Et voilà que la 6 se presse ! Humeurs ou besoin de dire ?
Ou peut-être simplement inspiration!
Les corbeilles sont rikiki en ce moment et ça me met à l'envers ! Même que je sais que j'ai tout fait du mieux que je peux et que ça viendra bien, qu'on est en amap............ ça n'empêche que j'ai un peu du mal.
Et pourtant c'est un cadeau pour moi cette interruption ! Un moment pour avancer le retard et être un peu moins dans l'urgence (le temps de récoltes est très gourmand en heures). Un temps pour souffler et être un peu plus dispo pour Lucien et les Enfants. Un temps pour savourer mes si beaux jardins, un temps pour être à l'écoute de cette nature explosive ! Il y a des oisillons dans les nichoirs qu'on avait fait
l'année passée. Mais attention pas de relâchements ! Le carpo (vers des pommes) n'attend que ça pour faire ses dégâts irréversibles. Cette année j'ai posé la confusion sexuel ! Et oui avec des phéromonnes incorporé à des petits bâtonnet qu'on attache dans les arbres, je mets le bazar total chez les carpo ! Et du coup pas d'accouplement, pas de ponte, pas de dégâts !!!! normalement il est dit que c'est pour des vergers de grande surface, minimum un hectare, j'en ai mis quand même ! En même temps j'ai posé des cabanes qui attire le carpo et tac, il se fait coller dedans, pour contrôler qu'il n'y a pas de vol. et je vois toujours pas de carpo ! Alors j'ai renouvelé la cabane en pensant qu'elle n'était plus efficace ! Et non
toujours pas de carpo ! Alors vous pensez, si je me relâche, c'est sur qu'ils vont me faire une entourloupette.
Les tomates poussent vite et les deuxièmes rotations sont vraiment bien. J'ai trouvé la solution pour le tuteurage. C'est un peu cher, alors j'ai investi seulement pour deux lignes. C'est un investissement à vie, alors chaque année j'en ferai un petit peu.
J'avais bien barricadé les plate-bande de melon sous du P17 (toile non tissée) pour empêcher le vent de tout casser comme l'autre année. Mais cette année, nous n'avons pas eu de trop grands vents. Alors les melons ont super bien poussé, débordé de tout partout et j'ai enlevé ce P17 et je vois aucun melon !!! bon la lune a tournée, la ruche est en pleine forme, toutes les conditions sont là pour que ça pollinise à fond.
Mais bon j'ai tout à coup un p'tit stress ! Une petite trouille et tralala c'est ma lutte ! La confiance !
Les plantations de pastèques sont magnifiques. Pas une seule est morte ! Ça s'est pas souvent. J'ai encore une rotation de tomates à planter et quelques melons.
Et voilà qu'il faut commencer à penser aux fraises pour le printemps 2010 !!!!chez mes collègues, les fraises de printemps sont plus productives que chez moi. Je pense que si je les avance trop, en mettant des tunnels dessus, la production est moins importante. Et pourtant je comprends pas pourquoi et puis je peux pas non plus pas faire de fraises de printemps !!!! alors je vais voir encore d'autres manières... et je sais pas si je garde les variétés précoces comme l'Agathe et la Galante; enfin ça y est je calcule la suite!
Et où je vais les planter ? Il faut prévoir le travail du sol. Quand on utilise pas la chimie avec les herbicides, il faut beaucoup plus de temps. La terre a besoin d'être bien travaillée, longtemps à l'avance.
Alors dans mes p'tites angoisses de corbeilles, de plants, de projets, j'ai besoin de vous donner ce bon ton! Lorsque ma prof de chant, Isabelle du chant, me donne la bonne note, je suis capable de chanter! Et en plus c'est vrai, elle est une fée. Mais son ton me donne la possibilité de faire le chant. C'est magique !
parce qu'au delà de ce quotidien, tout mon être est en accord avec ce beau métier que vous me permettez de faire; c'est à moi, Isabelle des champs, de vous donner le ton de ma terre ! Et il est plein d'espoirs, de bonheurs et d'amour, au-delà de tout.
Les ciboulettes et les aromatiques poussent vite ! Alors vive la stevia avec son goût sucré et de réglisse.
Nos amis lettons viennent à la fin du mois. Je vous les présenterai aux distrib du jeudi et du vendredi. Je vous invite à nous rejoindre sur ces distrib là.
Isabelle
LETTRE N° 7
L'EAU !!!
Semaine de vent : pas celui qui casse tout, qui tourne dans tous les sens, non un bon p'tit vent qui jour après jour dessèchent définitivement. La ferme commence à être assez organisée et peut y parer.
*Sur Peissonnel, avec la retenue d'eau c'est le top ! Bon elle est bien descendue, mais je vais pas commencée à me faire du souci !
Souvenez-vous les deux première années, où je n'avais que les forages, j'allais, avec les enfants et Lucien (et même Gérald s'y mettait), pomper 2'500l à chaque voyage (et trois quart d'heure par voyage) dans l'Aille à 800m. Aujourd'hui, je presse sur des boutons dans des cadrans et j'ouvre et ferme des vannes. Le tout est de ne pas s'emmêler. Une pompe monte l'eau dans des cuves, une autre envoie l'eau dans les quatre parcelles qui sont alimentées en tuyaux de 50 (diamètre en cm). Dans chacune des parcelles des secteurs fixes et mobiles (11) selon les cultures. C'est la première année où ça, ça marche bien !! et oui je suis lente à la compréhension
électric (flotteurs manques d'eau et rempli !!!) et alors celle des dimensions de tuyaux ...mais là ça roule.
Bon, si j'avais des tuyaux plus gros et une pompe plus grosse, et ben j'arroserais tout en même temps ! Et si en plus tout étais doublé d'électricité et tralala, j'aurais des électrovannes !!! mais comme l'installation actuelle coûte déjà plus ou moins 60'000francs ah oui en euros ça ferait 9'600€ et ben j'en reste là et
ballade à vélo (sans freins parce que j'ai jamais l'temps de les réparer, alors je fais comme mes enfants et des fois je me crache grave...). Et ça fonctionne bien et comme ça je vais aux plate-bandes et peux vérifier où ça en est.
*sur Le Rondin, aussi ça commence à être pas mal. J'ai fait un bassin qui est rempli gravitairement par le canal (qui est une dérivation de l'Argens quelques km plus haut), mais si tout à coup plus de canal comme en 2007, la rivière est juste là et j'installe le petit moteur, et hop ça marche ! Au bord du bassin,
un moteur plus gros et attaché avec une chaîne et un cadenas à un arbre, (Jean-Luc et Sébastien m'ont construit un magnifique cabanon à Peissonel pour la pompe au bord de la retenue, ce printemps, au Rondin c'est encore la débrouille !) et envoie l'eau dans les trois parcelles divisées en 5 secteurs. Et là c'est super, c'est la rupture d'essence qui arrête l'arrosage (y pas d'électricité sur ce site), je mesure le
temps d'arrosage à la quantité de carburant. Et en plus le moteur démarre au premier coup de ficelle sans me déboiter l'épaule.
*sur la ferme j'utilise l'irrigation par goutte à goutte dans les plates-bandes et en goutteurs à débit variable pour les arbres. Pour ce type d'irrigation, il est indispensable de filtrer l'eau et bien sur de régler la pression, là c'est encore la bricole et le pif ! Sinon ça devient encore une fois assez cher.
*sous les paillages plastic (biodégradable ou non), je mets des gaines de goutte à goutte. Elles coûtent une fortune, alors je les récupère d'une année à l'autre. Mais comme normalement c'est pas fait pour ça, et ben j'ai des fuites ou des goutteurs bouchés. Et là ça se complique. La surveillance ne se fait pas seulement en début de plate-bande, mais aussi tout le long des plate-bandes et parfois les raccords de
réparation se décrochent parce qu'en plus ces gaines, elles varient de longueur selon si c'est le cagnard de la journée ou le frais de la nuit et selon la température de l'eau. Tout ce blabla pour dire que tout à coup y a un bout qui est pas bien arrosé au milieu de la plate-bande !!! alors si en plus il fait du vent !
Vous imaginez !!!!!
C'est vrai qu'un p'tit vent est une caresse de fée lorsque l'on sue sous le soleil d'été, mais dès qu'il s'accentue c'est le stress hydrique pour mes chères cultures et psychologique pour moi !!!
et puis ce stress là (psychologique), vous savez bien, il est vicieux et fatigant. Mais qu'est-ce qui n'est pas fatigant ? La sieste ? Et c'est vrai que la fatigue, lorsqu'elle persiste au-delà d'une bonne nuit de sommeil,c'est usant. Et avec mes 46ans, et ben elle m'use. Alors quand le vent tombe, que les cultures commencent a offrir leurs récoltes, quand l'irrigation fonctionne, que les enfants ont déserté la maison, qu'il fait pas de canicule c'est tout ça en moins de fatigue et je vous assure que c'est bien agréable. Ce matin ça commence comme ça et en plus j'ai dormi plus longtemps !alors c'est les vacances...ou presque!
Cette semaine vous avez vu apparaître un fruit qui n'est pas un fruit d'arbre mais d'une plante annuelle !
La courge de la St-Jean en retard de 15jours ! C'est une courge dont on ne trouve plus les graines chez les marchands. Mon ami Daniel m'a donné trois caisses de plants à planter en même temps que la rotation de tomates sous la serre ( oui celle qui s'est envolée). C'est avec Sylvain que nous avons déroulé le paillage dans des conditions effroyables, je pouvais ni passer le motoculteur et encore moins le
tracteur tellement s'était mouillé. Mais avec les gros muscles de Sylvain on s'en est sorti et on a planté en plein champ ces courges , puis on a déroulé un voile non tissé (p17), pour limiter les actions du froid, le même que sur les premiers melons et là ça a pas marché !!!mais les courges ça demande moins de chaud. Et puis après tout à coup j'étais en retard pour l'enlever ce voile et je voyais pas de fruits parce que les abeilles ne vont pas sous le voile ! Elles ne peuvent entrer; et maintenant je me réjouis dans la douleur (c'est trop lourd une de ces courges pour mon dos), heureusement ça dure pas longtemps !!!! J'ai mis un ruban aux plus précoces, belles, pour les laisser aller jusqu'à une totale maturité pour la
production de graines. Chez moi, il n'y a pas d'autres variétés de courges ! Donc je peux espérer avoir de la graine bien conforme aux parents. Et ces graines seront distribuées aux autres paysans dans notre réseau de paysans d'amap.
Et bien sûr je me réjouis d'en offrir à nos amis paysans Lettons. Et alors là
vraiment mon dos s'en fiche de souffrir un p'tit coup sous le poids des courges de la St-Jean qui composent traditionnellement la soupe au pistou. J'en distribue deux semaines de suite pour que les contrats partagés en profitent.
Globalement les tomatillos et les aromatiques ne sont pas toujours appréciés. Les tomatillos se consomment crus, cuits, sucrés, salés ! C'est peut-être pour cela qu'ils vous bloquent dans votre imagination. Personnellement je les consomment crus dans les salades en petits morceaux; cuits à la poêle avec courgettes et autres ou en tarte aux légumes. Une amapienne m'a dit qu'elle les faisait en omelette avec les oignons.
La ciboulette, le basilic ne doivent pas trop vous posez de problèmes. Pour les autres, essayez les tisanes froides ! C'est rafraîchissant. Mais osez inventer. Faites des crèmes à la stevia ou verveine ou thé ! Vous les mettez à la place de la traditionnelle gousse de vanille ou en plus ! Ou glace, ou dans vos plats de
légumes ou viandes ! J'aime faire juste frémir de l'huile d'olive avec des feuilles de sauges et du gros sel sur un plat de pâtes. Ou cuisiner le poisson avec de la verveine, ou mettre la sauge dans le gigot d'agneau, etc.... et si c'est pas votre truc laisser vos aromatiques sur votre pare-brise et chaque fois que vous conduisez, vous en froisser un bout ! C'est une caresse de mes jardins dans votre stress quotidien !
Les ateliers existent toujours ! Je les fais à la demande et selon les acteurs !!! alors si ça vous dit ! mais attention plus on va bonne heure dans les jardins plus c'est agréable.
La délégation lettone a été reçue fin juin. Un grand merci à Sylvain qui s'est défoncé et à tous qui avez donné pour que cet échange soit une réussite. C'est stimulé par Urgenci, association internationale créée à la fin du premier colloque international des amap en 2004 à Aubagne ( le prochain est au Japon en février). Urgenci a reçu des fonds de la Fondation de France pour essaimer le concept amap dans 10 pays de l'est entrés dans l'Europe ainsi qu'au Maroc. La Fondation vient de reconnaître tout ce travail en donnant une deuxième subvention pour continuer le travail !!! je vous rappelle qu'avec Sylvain, nous sommes allés en Lettonie en février. La base de l'essaimage, qu'il soit en Lettonie ou ici chez nous (toutes les amap de la Dracénie sont des bébé de l'amap du Flayosquet), est ce binôme producteur consommateur. Il est le garant du concept tout comme l'humain est l'axe du concept. Ce parrainage de la Lettonie, pour moi, est une aventure extraordinaire, une découverte.
Hier je suis retourné dans mon champ de pêchers pour broyer l'engrais vert qui est tellement sec qui craque ! Je souhaite mettre mes nouvelles plate-bandes de fraises dans cette parcelle. Il est donc impératif que je commence à préparer. Les plants arrivent à la fin du mois et seront plantés en septembre. Pas question que je prenne du retard. On parle toujours des orages du 14 juillet et ceux du 15 août. Je compte sur eux pour ramollir le sol pour que je puisse travailler la terre. C'est une douleur immense d'entrer dans cette parcelle. Tout ces arbres qu'on a planté avec les amapiens en 2003, que j'ai dorloté, choyé, etc... tout ce travail, tous ces espoirs, tout anéanti par ces 5 mois d'eau stagnantes. Ça sent une odeur de fermentation. J'avais tout laissé à l'abandon depuis fin mai. La nature a repris son
espace et c'est rempli de toutes sortes d'insecte et quand j'arrive avec le tracteur et la machine qui broie tout (girobroyeur), toutes ces sauterelles se sauvent ! Alors les hirondelles m'accompagne dans une danse. Il faudra couper les arbres puis les arracher. Déchirement, émotion, acceptation, reconstruction c'est comme les fraises qui mettent tant de temps à produire parce que plantées plus tard, parce que je pouvais pas préparer le sol parce que je pouvais pas entrer dans la parcelle avec le tracteur.....
les choix de l'instant ont un impact direct sur le demain, sur ce que vous avez aux distrib !! et le plus petit des choix peu être fatal ou au contraire le p'tit plus qui fait qu'à l'arrivée c'est magique. Si j'avais fait le choix d'attendre que le terrain soit praticable pour planter les courges de la St-Jean ! Qui sait où
elles en seraient ? Et si j'avais fait celui de pas partir à l'aventure à cause de l'éventuel manque d'eau !
Eh ben mon choix des pêchers était alimenté par la grande sécheresse (2003) et le manque de disponibilité d'eau d'arrosage ! Pas par un hivers pluvieux ! Il y a le visible ! Qui se compte, se juge, se calcule, etc.... et l'invisible qui donne à la vie son mystère et son caractère. Merci d'être là pour sécher mes larmes, guérir mes plaies et donner cette magnifique énergie pour encore inventer et faire les
meilleurs choix. Bon été à vous, aux enfants, au soleil, aux récoltes.
Isabelle
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